Aspects théoriques, historiques et pragmatiques
Traduire le livret d'opéra - ou d'opérette -, y a-t-il une tâche plus délicate et moins nécessaire ? Certes il y a des raisons objectives de traduire dans une autre langue un texte pour lequel la musique a été composée : telle est l'exigence de chanter dans la langue nationale des spectateurs ou la conviction de naturaliser une culture étrangère. D'autre part, la traduction peut servir de prétexte à une actualisation de sujets passant pour vieillis ou inadaptés à un public autre que celui de la création... Face à ces obligations sans doute discutables, le souci d'authenticité importe peu. L'idée d'une conjonction essentielle et première entre la musique et le texte est de peu de poids dans un débat qui est rien moins qu'esthétique. Dans ces transpositions, le meilleur côtoie le pire : l'ambition de cet ouvrage est de passer en revue les diverses variantes d'une entreprise qui n'est pas toujours dépourvue de sens, mais qui pose de toute évidence la question de l'unité de l'oeuvre d'art et du respect de son autonomie par rapport aux contingences de sa réception.