Dupuytren

ou le musée des maladies

ISBN : 979-10-231-0674-9
Date de publication : 10/02/2023
Format : 21 x 28 cm
Nombre de pages : 340
Informations : Ouvrage relié - plus de 200 illustrations
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Créé en 1835, le musée Dupuytren a fermé ses portes en 2016, et ses collections ont été transférées sur le site de la faculté des sciences de Sorbonne Université. Ce musée d’anatomie pathologique a très vite acquis une grande célébrité, excédant sa destination première d’établissement et de diffusion des connaissances médicales. Au XXe siècle, sa valeur scientifique décline, et comme pour la plupart des musées d’anatomie, la majorité de ses visiteurs est constituée de curieux, d’artistes, et de quelques chercheurs en histoire des sciences. La collection conserve pourtant un intérêt remarquable, et ce, de multiples points de vue, à commencer par sa dimension patrimoniale et l’imaginaire qui s’y est attaché.

Cet ouvrage propose ainsi un regard pluridisciplinaire sur le musée Dupuytren, croisant une approche historique, épistémologique, philosophique et esthétique. Il s’agit de montrer comment une telle collection, qui rassemble des spécimens anatomiques (restes humains et moulages), des instruments scientifiques, des œuvres d’art (peintures, gravures, photographies) mais aussi une bibliothèque, constitue un matériau de choix pour étudier la manière dont médecins, artistes, philosophes, mais aussi chirurgiens, médecins militaires, sages-femmes, écrivains, et plus généralement amateurs d’art ou de science dialoguent et s’affrontent depuis le XIXe siècle autour des collections anatomiques et de l’étude des maladies. L’ouvrage interroge aussi le rôle que peut jouer un musée des maladies ainsi que la conservation des pathologies du passé dans la prévention et l’anticipation des maladies à venir.

Préface · Jean Chambaz

Introduction · Julie Cheminaud & Claire Crignon

 

Première partie
LA SOCIÉTÉ ANATOMIQUE DE PARIS

Un musée pour l’enseignement de l’anatomie pathologique · Paul Prudhomme de Saint Maur

La Société anatomique de Paris et sa contribution aux collections d’anatomo- pathologie · Florent Palluault

Le musée, l’hôpital, la foire : les collections anatomiques au XIXe siècle · Rafael Mandressi & Laurence Talairach

 

Deuxième partie
DES MALADIES, DES PATIENTS ET DES CAS

Pratiques épistémiques et enjeux institutionnels dans les collections du musée Dupuytren. Le rôle de l’anatomie pathologique dans l’émergence de l’anthropologie · Nélia Dias

Voir les pathologies au prisme de la collection Dupuytren · Mathieu Corteel

Visibilité de la maladie secrète. Le musée Dupuytren et la prophylaxie de la syphilis · Alexandre Wenger

Un « cas extraordinaire » : la femme Supiot · Claire Crignon & Julie Cheminaud

 

Troisième partie
ART & ESTHÉTIQUE DES COLLECTIONS D’ANATOMIE PATHOLOGIQUE

Entre science et art : les conditions d’un regard esthétique sur la collection Dupuytren · Julie Cheminaud

Esthétique du monstrueux & regard poïétique · Anna Maria Sienicka

Le musée Dupuytren et les écrivains, du réalisme au merveilleux · Rémi de Raphélis

Des collections à l’œuvre. Les « musées Dupuytren » dans les arts visuels (XIXe-XXe siècle) · Giulia Longo

Le musée Dupuytren sous l’œil des artistes · Philippe Comar

 

Quatrième partie
LA COLLECTION D’HIER À AUJOURD’HUI

Conserver les collections Dupuytren ? · Rémi Gaillard & Éloïse Quétel

De la collecte des données à la collection anatomique. Le cas croisé du musée Dupuytren et de la Société anatomique de Paris au XIXe siècle · Juliette Ferry-Danini

La construction de normativités par les anomalies · Vincent Négri

De l’usage des collections d’anatomie pathologique dans la formation des médecins : une approche historique des humanités médicales · Claire Crignon

 

PORTFOLIO

Index

Biographies des auteurs

Table des matières

Julie Cheminaud est maîtresse de conférences en philosophie à Sorbonne Université et membre du centre Victor Basch. Ancienne élève de l’École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines (ENS Lyon) et agrégée, ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome, spécialiste d’esthétique et de philosophie de l’art, elle mène principalement ses recherches sur les rapports entre art et médecine. Elle est l’auteure des Évadés de la médecine (Paris, Vrin, 2018) et de divers articles sur la pathologisation de l’art.

Philippe Comar, plasticien, scénographe, commissaire d’exposition et écrivain, a été professeur de morphologie à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris de 1979 à 2018. Il a collaboré à la conception de grandes expositions traitant du corps et de sa représentation, telles que L’Âme au corps, art et science (Paris, Grand Palais, 1993), Figures du corps, une leçon d’anatomie à l’École des beaux-arts (Beaux-Arts de Paris, 2008), Sublimi Anatomie (Palazzo delle Esposizioni, Rome, 2019). Il est par ailleurs l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Derniers titres parus : Peau de femme (Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2014), Des urinoirs dans l’art avant Marcel Duchamp (Paris, Beaux-Arts de Paris éd., 2017), Dessin contre nature (Paris, Tohu-Bohu, 2018), Voir et regarder l’art (Paris, Herscher, 2021), La Tyrannie du cartel (Paris, L’Échoppe, 2022), Ventre (Saint-Clément-de-Rivière, Fata Morgana, 2022).

Mathieu Corteel est Arthur Sachs Fellow à Harvard University, Teaching Fellow à Harvard College et chercheur postdoctoral à Sciences Po Paris. Il a récemment publié son premier livre, Le Hasard et le pathologique (Paris, Presses de Science Po, 2020), rédigé à partir de sa thèse de doctorat de philosophie soutenue à Sorbonne Université (2017). L’ouvrage retrace l’histoire des statistiques et des probabilités en médecine du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle. Il aborde à la fois des questions historiques, épistémologiques et politiques telles que l’émergence des statistiques dans les politiques de santé et l’impact des probabilités dans la pratique clinique. Dans le prolongement de ses recherches historiques, il examine actuellement à Harvard les vastes collections d’archives des médecins américains qui se sont rendus à Paris au début du xixe siècle pour apprendre la méthode numérique auprès de Pierre Louis. Il participe également aux recherches sociologiques sur la crise de Covid-19 au laboratoire d’Évaluation interdisciplinaire des Politiques publiques (LIEPP) et au centre de Sociologie des Organisations (CSO) de Sciences Po Paris.

Claire Crignon est professeure en histoire et philosophie des sciences médicales à l’université de Lorraine. Elle a cofondé le master et l’initiative humanités biomédicales avec Alexandre Escargueil à Sorbonne Université. Elle a publié plusieurs ouvrages croisant histoire de la philosophie britannique et histoire des sciences médicales : De la mélancolie à l’enthousiasme, Burton et Shaftesbury (Paris, Champion, 2006) ; Locke médecin, manuscrits sur l’art médical (Paris, Classiques Garnier, 2016) ; ou liant histoire de la philosophie et de la médecine et anthropologie : Médecine et philosophie de la nature humaine (avec R. Andraut, S. Buchenau et A-L. Rey, Paris, Classiques Garnier, 2014). Elle a aussi coédité plusieurs ouvrages : Qu’est-ce qu’un bon médecin, qu’est-ce qu’un bon patient ? (Séli Arslan, 2010), Medical Empiricism and Philosophy of Human Nature in the 17th and 18th Century (avec C. Zelle & N. Allocca, Leyde/Boston, Brill, 2014), Médecins et philosophes, une histoire (avec D. Lefebvre, Paris, CNRS éd., 2019). Enfin, elle a publié en philosophie de la médecine sur des sujets comme la propriété du corps (À qui appartient le corps humain ? avec Marie Gaille, Paris, Les Belles Lettres, 2004) ou sur la question du vieillissement en littérature jeunesse (Je ne veux pas vieillir !, Paris, Gallimard, coll. « Chouette ! Penser », 2010). Elle est en charge des rubriques « les humanités en santé : recherches de terrain » et « Récits de cas » pour la revue Médecine/Sciences.

Nélia Dias est professeure au département d’anthropologie de l’ISCTE — Instituto universitário de Lisboa et membre du Centro em Rede de Investigação em Antropologia (CRIA). Ses travaux portent sur l’histoire de l’anthropologie en France aux XIXe et XXe siècles, l’histoire des collections et des pratiques de collecte, les processus de patrimonialisation et l’approche comparative dans les savoirs du XIXe siècle. Elle est l’auteur de deux ouvrages, Le Musée d’Ethnographie du Trocadéro (1878-1908). Anthropologie et Muséologie en France (Paris, Éditions du CNRS, 1991) et La Mesure des Sens. Les Anthropologues et le corps humain (Paris, Aubier, 2004). Elle a coédité trois ouvrages : Endangerment, Biodiversity and Culture (Routledge, 2015), Collecting, Ordering, Governing: Anthropology, Museums and Liberal Government (Duke UP, 2016) et Critical Heritage Studies and the Futures of Europe (University College London Press, 2023). Ses articles sont parus dans History and Anthropology, Museum & Society, Nuncius, Museum Worlds, L’Homme, French Culture and Society, Romantisme et Gradhiva. Elle a été Visiting Fellow à l’université de Saint-Andrews, directrice d’études associée (maison des Sciences de l’Homme/École Normale Supérieure de la rue d’Ulm), International Visiting Research Scholar au Peter Wall Institute for the Advanced Studies (University of British Columbia), Visiting Scholar au Max Planck Institute for the History of Science (Berlin) et Andrew W. Mellon Professor in the Humanities (Tulane University).

Juliette Ferry-Danini est chargée de recherche FNRS à l’Université catholique de Louvain en Belgique. Elle est titulaire d’un doctorat en philosophie effectué au sein de Sorbonne Université à Paris. Spécialisée en philosophie et histoire de la médecine, elle a publié sur une variété de sujets : la notion d’humanisme en médecine ; l’empathie et les émotions en médecine ; la phénoménologie de la médecine. Elle a enseigné à l’université Claude Bernard à Lyon, ainsi qu’à l’université de Toronto. Elle prépare actuellement un livre sur le sexisme médical en France à paraître aux éditions Stock.

Archiviste-paléographe et conservateur, Rémi Gaillard est directeur adjoint de la bibliothèque de Sorbonne Université (BSU). Il est également responsable du pôle Patrimoine de la BSU, dont les équipes assurent la gestion des collections géologiques, paléontologiques et médicales de Sorbonne Université, et notamment celle des collections d’anatomie pathologique Dupuytren.

Vincent Négri est chercheur à l’institut des Sciences sociales du Politique (UMR 7220), ENS Paris-Saclay. Ses travaux de recherche, de même que ses publications et ses enseignements, portent sur la culture, le patrimoine et la mémoire, en droit comparé et en droit international, ainsi que sur les interactions entre normes et cultures. Parmi ses dernières publications : Archéologie et bien commun. Figures de la propriété et du préjudice archéologiques, Paris, Institut des études et de la recherche sur le Droit et la Justice, 2021 ; Droit et Cultures, no 81, dossier « Des mots pour nommer et normer le patrimoine », 2021 ; Normer l’oubli (coll. « Les voies du droit », Paris, éd. IRJS/PUF, 2019, dir. avec Isabelle Schulte-Tenckhoff ).

Diplômée en histoire de l’art à l’université de la Sorbonne et à l’École du Louvre, Giulia Longo est spécialiste de la peinture à Naples au XVIIe siècle et de la sculpture en cire en Europe à l’époque moderne, ainsi que de la relation entre les arts et les sciences médicales en France, Italie et Angleterre aux XVIIe – XIXe siècles. Élève conservatrice du patrimoine à l'Institut national du Patrimoine, Giulia Longo a été commissaire d’une exposition sur la donation Poitrey-Ballabio au musée des Beaux-Arts de Strasbourg (2019). Conservatrice du musée départemental Anne-de-Beaujeu et de la Maison Mantin à Moulins depuis 2020, elle a été commissaire de deux expositions, dont une labellisée "d'intérêt national" par le ministère de la Culture :  Anne de France. Femme de pouvoir, princesse des arts, et Trésors enluminés des ducs et duchesses de Bourbon dans les collections de la BnF.

Florent Palluault est conservateur en chef des bibliothèques, responsable des collections patrimoniales de la médiathèque François-Mitterrand de Poitiers. Ancien élève de l’École nationale des Chartes, titulaire d’un doctorat en Histoire des sciences de l’université d’Oxford, il a exercé à la Bibliothèque nationale de France ainsi qu’au ministère de la Culture. Ses recherches historiques ont porté sur la Société anatomique de Paris, ainsi que sur l’enseignement médical en France et en Angleterre au XIXe siècle. Il est par ailleurs l’auteur de diverses contributions dans le domaine bibliothéconomique.

Paul Prudhomme de Saint-Maur est professeur des universités et praticien hospitalier retraité. Il a été chef du service d’Anatomie Pathologique de l’hôpital Saint-Antoine et conservateur du musée Dupuytren.

Conservatrice-restauratrice spécialisée dans les restes humains, Eloïse Quétel a travaillé sur la collection des momies du département d’anthropologie du Muséum national d’Histoire naturelle avant de rejoindre les équipes du pôle Patrimoine de Sorbonne Université. Comme responsable des collections médicales et du patrimoine artistique, elle assure la gestion, la conservation et la valorisation des collections d’anatomie pathologique Dupuytren, ainsi que des œuvres d’arts conservées à Sorbonne Université.

Diplômé en littérature française et en histoire de l’art, Rémi de Raphélis est agrégé de lettres modernes et doctorant à l’université Paris-Saclay. Il prépare sous la direction d’Evanghelia Stead une thèse intitulée « Littérature et collection, France, Grande- Bretagne, Italie, 1880-1940 ». Ses recherches portent sur la littérature et l’art des XIXe et XXe siècles, ainsi que sur l’histoire des collections et de leur imaginaire. Conservateur diplômé de l’Institut national du Patrimoine, il a été collaborateur scientifique pour des projets d’exposition au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, au musée des Beaux-Arts de Reims, ainsi qu’à la National Gallery of Ireland à Dublin.

Anna Maria Sienicka rédige actuellement une thèse de philosophie à l’université de Bourgogne, sous la direction de Pierre Ancet. Elle travaille sur la perception et les représentations des déformations physiques, entre art et médecine, de la tératologie des Geoffroy Saint-Hilaire à nos jours. Son approche, empruntant à la phénoménologie, se centre sur les problématiques autour de la visibilité des corps pouvant être perçus comme monstrueux et sur l’histoire de leur négociation avec la normalité. Ses derniers travaux portent sur le rôle de l’imaginaire dans le processus de reconnaissance ainsi que 329 sur la possibilité de fonder une esthétique propre aux freak shows.

Laurence Talairach est professeure à l’université Toulouse – Jean Jaurès et chercheuse au centre Alexandre Koyré (UMR 8560 – CNRS/EHESS/MNHN). Ses travaux portent sur les croisements entre science, médecine et littérature dans le long xixe siècle. Elle est l’auteure de quatre monographies, dont Gothic Remains : Corpses, Terror and Anatomical Culture, 1764-1897 (Cardiff, Wales UP, 2019) et Wilkie Collins, Medicine and the Gothic (Cardiff, Wales UP, 2009). Elle a également dirigé plusieurs recueils collectifs portant sur la construction des savoirs médicaux et scientifiques aux xviiie et xixe siècles, notamment Anatomical Models (Histoire, Médecine et Santé, 2014) et Mécaniques du vivant : Savoir médical et représentations du corps humain xviie-xixe siècle (Epistémocritique, 2012).

Formé en littérature et en histoire de la médecine, Alexandre Wenger est professeur à la faculté de Médecine de Genève, en charge du programme interdisciplinaire des Medical Humanities. Il a dirigé plusieurs projets de recherches internationaux sur les liens entre la médecine et la santé d’une part, la littérature et le cinéma d’autre part. Il travaille actuellement sur l’histoire de la syphilis. Il a publié en tant qu’auteur, coauteur ou directeur les ouvrages suivants : Maladies infectieuses sans fin. Le cas de la syphilis pour penser la mobilisation-démobilisation prophylactique. xxe-xxie siècle (avec Guillaume Linte & Christian Bonah, Genève, Georg, 2022) ; Le Geste chirurgical. Histoire, littérature, arts visuels. XXe-XXIe siècle (en tant que responsable du projet, Genève, Georg, 2020) ; Les Réseaux médico-poétiques dans l’Entre-deux-guerres : revues, institutions, lieux, figures (codir. avec Julien Knebusch, Besançon, Épistémocritique, 2018, en ligne) ; La Figure du poète-médecin. xxe-xxie siècle (dir. avec Julien Knebusch, Martina Diaz & Thomas Augais, Genève, Georg, 2018) ; Dix-Huitième Siècle, no 47, numéro spécial, « Raconter la maladie », 2015 ; Le Médecin et le Philosophe. Théophile de Bordeu selon Diderot (Paris, Hermann, 2012) ; Sade : sciences, savoirs et invention romanesque (dir. avec Adrien Pascoud, Paris, Hermann, 2012) ; La Fibre littéraire. Le discours médical sur la lecture au XVIII siècle (Genève, Droz, 2007) ; Littérature et médecine. Approches et perspectives. XVIe-XIXe siècle (dir. avec Andréa Carlino, Genève, Droz, 2007).

Julie Cheminaud est maîtresse de conférences en philosophie à Sorbonne Université. Normalienne et agrégée, ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome - Villa Médicis, elle est l’autrice des Évadés de la médecine (Vrin, 2018) et de divers articles sur les…
Claire Crignon est professeure en histoire et philosophie des sciences médicales à l’université de Lorraine. Elle a cofondé le master et l’initiative Humanités biomédicales avec Alexandre Escargueil à Sorbonne Université. Elle a publié plusieurs ouvrages croisant histoire de la…
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