De la Renaissance aux Lumières
Dès sa création en 1526, la Monarchie autrichienne, confédération d’États (Autriche, Hongrie, Bohême) dont les liens avec le gouvernement central étaient parfois lâches, fut confrontée à des dépenses militaires disproportionnées à ses ressources (le produit des douanes et des mines). Très vite, elle a su s’adapter en développant une fiscalité modérée et contrôlée par les diètes provinciales, mais aussi en créant des institutions centrales (la Chambre des Comptes de Vienne) qui permettent à l’historien d’avoir des lueurs sur un système si complexe, qu’il a trop souvent découragé la recherche. Par la suite, les Habsbourgs ont trouvé des aides chez leurs vassaux allemands ou leurs alliés – le dernier généreux donateur n’étant autre que Louis XV qui versa 100 millions de Livres tournois à Marie-Thérèse au cours de la guerre de Sept Ans. Ils ont eu également recours au crédit que leur fournirent banquiers juifs et grands propriétaires fonciers autrichiens. Malgré des moments difficiles, ils furent capables de défendre la Hongrie face au péril turc et d’entretenir une armée de qualité dont les effectifs décuplèrent entre les traités de Westphalie et les débuts de la Révolution française, tout en faisant de Vienne une des capitales européennes de la musique et des beaux-arts.
Il paraît intéressant de mettre en lumière les côtés positifs des finances autrichiennes plutôt que d’insister exagérément sur certains travers, propres d’ailleurs aux finances d’Ancien Régime en Europe, les difficultés de trésorerie ou les inégalités fiscales frappant certaines provinces (la Basse-Autriche ou la Bohême) et certains contribuables (les exploitants agricoles). Le bilan semble plutôt positif puisqu’en trois siècles – de la création de la Monarchie autrichienne en 1526 à la mort de Joseph II en 1790 – les ressources de l’État ont été multipliées par 20, la dette publique contenue dans des limites raisonnables tout en décuplant les effectifs de l’armée permanente. Néanmoins, la structure politique de la Monarchie autrichienne, qui ne fut jamais une monarchie absolue, n’a pas permis, même à Joseph II, de faire des réformes fiscales profondes, les aristocraties locales ayant eu jusqu’au bout le moyen de défendre leurs intérêts économiques.
Introduction
Chapitre 1 Les territoires des Habsbourgs
Chapitre 2 Traits originaux de la vie économique
Chapitre 3. L'administration des finances de l'Empereur
Chapitre 4 Les dépenses
Chapitre 5 Les revenus du Domaine (cameralia)
Chapitre 6 Les bases des finances des Habsbourg : les impôts directs
Chapitre 7 Les aides extérieures
Chapitre 8 Le crédit
Chapitre 9 Le déficit : fatalité, mythe ou mauvaise gestion ?
Chapitre 10 L'illusion des réformes du 18e siècle
Conclusions générales
Chronologie – Glossaire – Bibliographie – Index