Jeux et enjeux de pouvoir aux XVIe et XVIIIe siècles
Prédicateurs et directeurs de conscience de talent, rompus aux débats théologiques – ils s’illustrèrent à Trente notamment – les jésuites surent, malgré les réticences de Charles Quint, se ménager une influence grandissante au sein de la Cour espagnole, devenant bientôt les confesseurs des Grands, avant de l’être des premiers Bourbons, en franchissant parfois les limites qui séparent le conseiller de l’homme de pouvoir. Mais leur attachement indéfectible au trône de Pierre, qui les singularisait, les plaçait au cœur des relations souvent conflictuelles entre pouvoir royal et papauté. Les contributions des jésuites à la pensée politique, particulièrement complexes en des temps troublés où les rapports du politique et du religieux avaient besoin d’être redéfinis, demandent à être analysées à travers ce prisme. Réflexion sur l’exercice et la nature du pouvoir, intervention dans le débat entre éthique et politique, influence sur la société du temps, par l’action auprès des puissants, la direction des consciences et l’éducation des élites, différends avec les autorités et, en définitive, pouvoir occulte ou révélé au grand jour, voire revendiqué par l’écrit ou par les différentes formes artistiques : ce sont là les aspects de l’action de la Compagnie abordés du point de vue de l’histoire politique et sociale du monde hispanique à l’époque moderne.
Préface de Jean Lacouture Prologue PREMIÈRE PARTIE La Compagnie de Jésus et le pouvoir royal CHAPITRE I Les jésuites et les princes Ignace de Loyola et Charles Quint Annie Molinié Les jésuites d’Olivares : confession, absolution et exercice du pouvoir Araceli Guillaume-Alonso Los inicios de la regencia de Mariana de Austria y el ascenso del Padre Nithard al poder desde el punto de vista de la Compañía de Jesús Julián J. Lozano Navarro Les confesseurs jésuites des Bourbons d’Espagne au XVIIIe siècle : approches et perspectives Béatrice Fonck CHAPITRE II Le pouvoir royal dans le discours des jésuites Un aspect de l’antimachiavélisme des jésuites : Le Prince chrétien de Pedro de Ribadeneyra entre simulation et dissimulation Alexandra Merle Réalisme politique et rationalité : Juan de Mariana entre royauté et respublica Frédéric Gabriel La controverse entre Francisco Suárez et Jacques Ier d’Angleterre Éric Marquer Système politico-juridique, philosophie et théologie dans le Tractatus de legibus ac deo legislatore de Francisco Suárez Alicia Oïffer-Bomsel A la muerte de un Rey. Discurso político en un sermón limeño del siglo XVIII Carlos Gálvez-Peña Le Día grande de Navarra de José Francisco de Isla (1746). Le jeu d’un jésuite avec la tradition Françoise Étienvre DEUXIÈME PARTIE Les jésuites au cœur de la société : influences et conflits La prédication selon les premiers jésuites. Le pouvoir de la parole « ad majorem dei gloriam » Marie-Isabelle Rodriguez-Delafond Cuando los jesuitas toman la palabra : poder y predicación en la Sevilla del siglo XVII Manuela-Águeda García-Garrido Entre nobles y privilegiados : los comentarios del padre Pedro de León Carlos Alberto González Sánchez, Antonio González Polvillo Les jésuites et les Indiens du Paraguay : « le joug suave de l’Évangile » Jean-Paul Duviols Entre l’Europe et les missions lointaines, les jésuites premiers mondialisateurs Hugues Didier La voix publique dans la province du Paraquaria au temps du conflit entre les jésuites et Bernardino de Cárdenas, évêque d’Asunción (1644-1668) Michèle Estela-Guillemont TROISIÈME PARTIE Les jésuites par eux-mêmes : défense, apologie et critique Débats et conflits au sein de la Compagnie de Jésus. Étude du De Reformatione Societatis discursus du père Juan de Mariana Ricardo Saez Le crime de frère Hernando. Un drame au collège de Grenade en 1616 Raphäel Carrasco La défense de l’œuvre des jésuites au Paraguay : le père Cardiel et la Guerra guaranítica Jean-Pierre Clément Ad maiorem Dei (et Societatis) gloriam. La nouvelle décoration de l’église Saint-Francois-Xavier de Tepotzotlán au XVIIIe siècle Paul-Henri Giraud Discours et pouvoirs au Colegio Real del Espíritu Santo de Salamanque : poser la première pierre et le dire (12 novembre 1617) Bénédicte Barbara-Pons Postface de Dominique Bertrand, s.j. La gestion religieuse de l’imprévisible humain dans la Compagnie de Jésus Bibliographie générale Index des personnages et des auteurs cités Table des matières