Le récit de voyage de 1945 à nos jours
Comment écrire le voyage aujourd’hui ? Comment se repérer dans la production pléthorique de la littérature des voyages ? Et comment appréhender un genre littéraire tellement décrié qu’il lui arrive d’être déprécié par ses auteurs mêmes ? En prenant appui sur les grands courants d’après-guerre, cet essai montre combien la guerre a opéré une profonde rupture dans le récit de voyage en France, et comment ce genre littéraire s’est reconstruit et régénéré jusqu’aujourd’hui en traversant les grandes étapes de l’histoire littéraire récente.
En prenant soin d’abord de définir le genre littéraire du récit de voyage, aussi éloigné de la fiction que du traité scientifique, on suit la trace des récits géographiques depuis 1945 de manière à repérer les tensions qui sont apparus entre les courants novateurs et les tendances conservatrices au sein du genre lui-même.
Apparaissent alors des tropismes ethnographiques, structuralistes et formalistes du récit de voyage. Ce livre donne des outils et des armes pour célébrer et critiquer la littérature viatique et aider la production contemporaine à renouer avec sa prestigieuse tradition. De Claude Lévi-Strauss à Jean Rolin, en passant par Michel Butor et Nicolas Bouvier, les écrivains voyageurs sont parvenus, peut-être à leur insu, à inventer une langue aux prises avec les changements du monde tout en dialoguant avec les origines du genre « voyage ».
Introduction Chapitre I. Vers l’autonomie générique : le récit de voyage comme mode, genre et formes Terminologie : voyage, récit de voyage, littérature des voyages Récit factuel contre récit fictionnel De l’hybridité et du pôle d’écriture À la recherche d’une « attitude fondamentale ». Genre de l’essai et mode péripatétique Le conflit des genres Chapitre II. Reconstruire le voyage « après-guerre ». Sartre et Lévi-Strauss Une diversité générique L’absence de la guerre dans la critique du récit de voyage Les explications rétrospectives de la crise I. Le « courant d’air sartrien » II. Le récit de voyage ethnographique Chapitre III. Le temps des expérimentations. Guy Debord, Michel Butor et Roland Barthes Littérature et Voyage dans les Trente glorieuses I. Les dérives du flâneur : la psychogéographie et les saisies du quotidien II. Michel Butor – La modification des livres de voyage III. Roland Barthes – Le degré zéro de l’exotisme |
Chapitre IV. Un « rappel à l’ordre ». Les origines du prétendu renouveau des années 1980. Nicolas Bouvier et les « étonnants voyageurs » I. Nicolas Bouvier, l’énigme du classicisme II. Le « mouvement pour une littérature voyageuse » Chapitre V. Les démarches ambulatoires de la fin du siècle. Jean Rolin et la génération postrévolutionnaire Génération non chronologique Note sur le genre Au croisement et à l’embouchure de divers mouvements d’écriture I. Choix stylistique II. L’espace-temps fin de siècle Chapitre VI. Littérature migrante, francophone et postcoloniale La migration est-elle un voyage ? Un rendez-vous manqué Le rôle des études postcoloniales : le déni et la confusion Trois types de voyages migrants : l’intra-migration, le départ et le retour Chapitre VII. Que peut-on espérer du xxie siècle ? I. Sylvain Tesson et les « nouveaux explorateurs » II. La pluralité des mondes : Antonin Potoski et le pôle anti-ethnologique Conclusion Bibliographie Remerciements Index des œuvres |