Représentations, institutions, méthodes (XVIIe-XXIe siècle)
Une comptine scolaire, qui a chantonné dans la mémoire de générations d’écoliers, réunit les illustrations du Grand Siècle : « Une corneille perchée sur la racine de la bruyère boit l’eau de la fontaine Molière. » Le nom de Boileau y exerce la fonction cohésive du groupe verbal. Il rassemble autour de lui la génération classique, mais il y perd son intégrité.
C’est cette fortune paradoxale qui est l’objet de ce livre. Boileau incarne le classicisme français. C’est lui qui « grince des dents » le soir de la bataille d’Hernani. Son nom ne cesse de revenir, depuis quatre siècles, dans les débats littéraires, avec une constance telle que Thibaudet a proposé de voir en lui le « président » de la République des Lettres. Mais en contrepartie de cette position cardinale, l’œuvre est peu lue, mal connue. C’est tout le paradoxe de Boileau : la présence du nom s’accompagne d’un relatif oubli de l’œuvre.
De Houdar de la Motte à Lacan, de Sainte-Beuve à Proust, de Victor Hugo à Baudelaire, Queneau, Francis Ponge ou Philippe Beck, que recouvre le nom de Boileau ? L’étude d’une figure revient à s’interroger sur la formation des abstractions moyennes qui habitent la mémoire culturelle et que mettent en récit les scénarios historiographiques. C’est l’ambition épistémologique d’une enquête qui est aussi une réflexion sur les métamorphoses de l’idée de littérature.
Introduction, par Christophe Pradeau et Delphine Reguig
PREMIÈRE PARTIE
LA FIGURE DE BOILEAU : UNE QUESTION DE REGARD
Boileau, un partisan des Anciens et de l’orthographe moderne, par Jean-Christophe Pellat
Boileau par morceaux. Extraire, citer, mémoriser Boileau en rhétorique, par Christine Noille
Interroger le classicisme de Boileau : l’image brisée du « Législateur du Parnasse » à la croisée de l’historiographie littéraire et des méthodes critiques modernes, par Rainer Zaiser
Boileau, le sublime et la critique comparatiste au milieu du XXe siècle, par Larry Norman
DEUXIÈME PARTIE
LA FIGURE DE BOILEAU : UNE QUESTION D’IMAGE
Visages chagrins, visages joviaux : les premiers portraits gravés de Boileau, par Volker Schröder
Boileau autoportraitiste, ou « l’ardeur de se montrer », par Damien Fortin
Écrire Boileau face à Boileau, d’Adrien Baillet à Joseph Mervesin (1685-1706), par EmmanuelleMortgat-Longuet
TROISIÈME PARTIE
LA FIGURE DE BOILEAU : UNE QUESTION D’AUTORITÉ
Les noces de Boileau et de l’Académie, par Léo Stambul
« Juge si je suis bien tes loix ». Houdar de La Motte et Boileau, par Christelle Bahier-Porte
Boileau l’Ancien. L’ombre de la Querelle au XIXe siècle, par Stéphane Zékian
QUATRIÈME PARTIE
LA FIGURE DE BOILEAU ENTRE CÉLÉBRATION ET DÉCONSTRUCTION
Les références à Boileau dans le débat romantique des années 1820-1830, par Mariane Bury
« Que dirait Boileau ? » (Anatole France) : la question de Boileau dans le néo-classicisme impressionniste, par Guillaume Métayer
Boileau, auteur naturaliste, de Brunetière à Lanson ?, par Cinthia Meli
« Pourquoi nous honorons Boileau » : le bicentenaire de la mort de Boileau dans le paysage littéraire français, par Antoine Piantoni
CINQUIÈME PARTIE
ARTS POÉTIQUES
Boileau et Victor Hugo, par Jean-Marc Hovasse
Baudelaire, le vers de Boileau, et « l’impression Lutrin », par André Guyaux
« Boileau Verlaine », d’un Art poétique l’autre, par Olivier Bivort
Boileau sous le signe du droit d’inventaire dans les arts poétiques de la modernité, par Olivier Gallet
SIXIÈME PARTIE
PRÉSENCES DE BOILEAU
Les Boileau de Sainte-Beuve, par José-Luis Diaz
Le Boileau de Thibaudet, par Christophe Pradeau
Le Boileau de Lacan, par Jean-Claude Milner
Conclusions, par Emmanuel Bury
Index des noms
Index des oeuvres
Notices biobibliographiques