Mises en scène de la souveraineté au XVIIe siècle
Si le souverain est celui qui décide de l'exception (Carl Schmitt), que sa décision se situe dans l'ordre du vraisemblable extraordinaire, et que, d'une manière générale, sa majesté relève du miracle politique, il nous a semblé intéressant de rassembler un groupe de chercheurs pour discuter d'une notion herméneutique formulée de manière paradoxale : l'invraisemblance du pouvoir. Et ce d'autant plus que l'exception politique se révèle aussi dans ses excès et ses faillites, lorsque la décision du souverain est injustifiable, tenant alors de la tyrannie, ou bien lorsqu'elle échoue dans ses effets. C'est là , peut-être, une manière stratégique de comprendre le pouvoir, car la raison d'État est souvent invisible, non pas parce qu'elle se dissimule dans le secret des cabinets, mais parce que l'éclat de la majesté la voile. Pour parler des fondements du pouvoir souverain, il convient donc de s'interroger sur les marges représentatives de son autorité pour en découper la figure à contre-jour. Les articles de ce volume interrogent la fiction, que ce soit celle de la tragédie historique (C. Biet, J. Lyons, B. Louvat-Molozay, D. Conroy, R. Heyndels), des relations d'entrée royale (M-F Wagner), du roman héroïque ou comique (D. Vaillancourt), dans son rapport à la vérité, et répondent à la question suivante : comment rendre vraisemblable, possible et croyable l'invraisemblance du pouvoir ? Les lectures proposées par ces auteurs exposent de diverses manières des fictions qui « paraissent difformes à la Raison ». Ces lectures montrent aussi qu'il existe une raison du politique qui autorise le pouvoir à s'écarter de la vérité, ou, au contraire, à exhiber, voire à constituer, cette vérité puisque, comme le rappelle Boileau, « le vrai peut quelques fois ne pas être vraisemblable ».