(1680-1780)
Consacré aux Circulations internationales en Europe des années 1680 aux années 1780, le volume met en évidence l’importance des communications transfrontalières dans l’Europe des Lumières.
Une attention particulière est portée aux pratiques, contenus et modalités des circulations commerciales dans l’espace méditerranéen et dans l’Europe du Nord, en temps de paix comme en temps de guerre. En tenant compte du rôle des institutions, des règlements, des infrastructures et des objets mobilisés, les renouvellements de l’historiographie permettent d’éclairer les stratégies des maîtres des forges suédois pour maintenir leur suprématie sur les marchés occidentaux, grâce à un fer de haute qualité. Le rôle joué par les contraintes logistiques dans la circulation des armées, aussi bien que les limites du recours au transfert sous pavillon neutre, illustrent l’imbrication des diverses circulations internationales dans l’Europe au xviiie siècle.
Aux circulations commerciales et manufacturières, à la mobilité des négociants, des gens de mer et des migrants s’ajoutent des circulations savantes, techniques et artistiques, qui mobilisent l’espace à des échelles variables. Un climat de rivalité alimente souvent soupçons et espionnage préindustriel : l’exemple du « pillage » des inventions hollandaises par l’Angleterre en fournit un bel exemple. Les différences dans la construction de la « science des mines » dans les mondes germanique et français, où l’ingénieur est considéré soit en fonction de la légitimité du savoir d’État, soit en raison de sa maîtrise des savoirs savants, suscitent une réflexion sur la formation des acteurs (exploitants et techniciens).
Au sein de la République des lettres, les échanges et confrontations des idées, cultivées dans la sphère aristocratique et princière, sont favorisés par La Correspondance littéraire de Friedrich Melchior Grimm, qui sert à la fois d’observatoire et de vecteur des valeurs du monde et de l’homme de goût, tandis que les réseaux alpins des libraires briançonnais et des colporteurs et libraires tessinois, centrés sur la France et la Suisse, avec Genève comme entrepôt de redistribution et atelier de fabrication, fournissent les axes de la circulation de l’imprimé en Europe.
PREMIÈRE PARTIE
CIRCULATIONS DES HOMMES ET MARCHANDISES, EN TEMPS DE PAIX ET DE GUERRE
Pratiques et contrôles de la circulation maritime en méditerranée (1680-1780) · Gilbert Buti (université de Provence (Aix-Marseille)
Production et échanges commerciaux : l’exemple du fer suédois au XVIIIe siècle · Pierrick Pourchasse (université de Bretagne occidentale)
L’espace européen de la guerre : la circulation des soldats et des armées en Europe (1680-1780) · Hervé Drévillon (université Panthéon-Sorbonne)
Sous le masque des neutres : la circulation des marchandises en temps de guerre des années 1680 aux années 1780 · Eric Schnakenbourg (université de Nantes)
SECONDE PARTIE
CIRCULATIONS DES SAVOIRS
Entre « société des princes » et stratégies de publication des Lumières. La Correspondance littéraire de Friedrich Melchior Grimm comme observatoire et vecteur des circulations culturelles et mondaines · Pierre-Yves Beaurepaire (université Nice-Sophia Antipolis/ Institut universitaire de France)
Les réseaux alpins de la circulation de l'imprimé en Europe au XVIIIe siècle · Laurence Fontaine (CNRS / EHESS)
La circulation des hommes et des savoirs dans l’Europe du XVIIIe siècle et la construction d’une « science des mines » française · Isabelle Laboulais (université de Strasbourg)
La circulation de la science comptable entre États européens au XVIIIe siècle : capillarité géographique et hybridations administratives · Marie-Laure Legay (université Charles-de-Gaulle-Lille-III)