Pratiques et représentations en Espagne et en Amérique, XV-XVIIIe siècles
À partir du XVe siècle, les voyages entrepris par les Portugais vers l’est et par les Castillans vers l’ouest ouvrirent de nouvelles routes, initiant le processus de l’expansion européenne. L’axe de la Méditerranée – comme l’avait souligné Perre Chaunu il y des années – allait alors être transféré à l’Atlantique, bouleversant les espaces anciens et créant postérieurement de nouveaux espaces géopolitiques, tel l’axe transpacifique. Aux conséquences politiques de ce fait nouveau que constitua la création des empires modernes s’ajoutèrent les conséquences sociales, puisque les déplacements humains qu’il entraîna – à une échelle inattendue et dans des régions jusqu’alors inconnues – furent à la base de la formation de nouvelles sociétés. Cette expansion, qui était initialement inspirée par des motivations commerciales, fut marquée par le bouleversement des structures et des réseaux anciens, par la translation de modes de cultures, par la circulation des objets, des personnes et des idées. Elle assura la domination politique et économique de l’Occident. Cet ouvrage porte une double ambition. D’une part, appréhender les rouages exclusivement économiques en faisant le point sur la façon dont s’étaient établies et développées les relations commerciales entre les colonies américaines de l’Espagne, grandes pourvoyeuses de produits devenus indispensables (le tabac, le cacao, la cochenille, l’indigo, le sucre de canne, la vanille, le jalap, le bois de Campêche, etc.), et l’Europe. D’autre part, mettre en lumière la figure du marchand, qui permet cette pénétration et ces échanges, grâce à des réseaux patiemment et subtilement entretenus, grâce à une fine connaissance des réalités économiques et politiques de l’une et l’autre rives, grâce à une insertion étroite dans un tissu politique et social complexe...